(Ou 5 minutes) … En dehors de vos séances de yoga en studio, pratiquez vous à la maison?

La réponse pour la grande majorité de mes étudiants est non, pour des raisons diverses et variées. Et pour moi? Oui, mais ce n’a pas toujours été le cas.

Je ne sais pas quoi pratiquer, je n’ai pas le temps, je ne suis jamais seul(e), ce n’est pas aussi agréable qu’au studio, je n’ai pas le courage de me lever tôt le matin… Et je passe les autres excuses que l’on peut se trouver pour ne pas se retrouver face à soi même trop souvent, encore moins sans son professeur.  Et pourtant, gagner en autonomie dans sa pratique est indispensable pour toute personne qui souhaite se développer personnellement sur le chemin du yoga. Je ne jette la pierre à personne, je n’ai pas pratiqué tous les jours depuis que le yoga est entré dans ma vie, et il arrive encore des matins où le réveil sonne et où je reste volontairement au fond de mon lit. Mais ça arrive de moins en moins.

Ca arrive de moins en moins parce que j’ai trouvé au fil des jours, le meilleur moyen de ne pas esquiver. Parce que même si je sais que ça me fait toujours du bien, il y a des jours où ça ne suffit pas.

Les croyances limitantes

Pendant longtemps j’ai pensé qu’il fallait que je sois dans un endroit où je me sente bien et que je sois complètement seule, qu’il n’y ait pas un bruit, qu’il ne fasse pas trop chaud, pas trop froid …  Ce qui était possible à Bali (enfin le bruit pas toujours…) n’était plus possible à mon retour en France. Au lieu de me servir, ces conditions devenaient limitantes, presque contre productives, car dès que je m’installais dans ma pratique, j’abandonnais agacée par le fait d’être perturbée par ces conditions que je jugeais non favorables.  Ce qui est dingue avec ces croyances limitantes c’est que forcément elles changent à mesure que votre vie évolue. Donc à chaque nouvelle situation de vie, on se trouve de nouvelles conditions limitantes. La vérité dans tout ça c’est que l’on crée nos propres barrières, nos propres raisons de ne pas faire le job. La vérité c’est que si tu regardes de plus près, chaque situation a sa solution. Je ne me sens pas bien, je peux juste respirer en conscience, m’asseoir ou m’allonger en silence. Il ne fait pas chaud, je me couvre, il fait trop chaud, j’ouvre la fenêtre, il y a du bruit, je m’exerce à me concentrer d’avantage sur moi même. Ma dernière croyance limitante: j’ai un chien qui dort dans l’unique pièce de mon appartement, qui me fait la fête dès que je me lève, mon copain étant dans la chambre, je ne suis donc jamais  seule… Eh bien je nourris le chien, il retourne se coucher,  et puis C’EST TOUT.

Trouver ses croyances limitantes et les déconstruire ne se fait pas du jour au lendemain et surtout la vie étant un mouvement perpétuel, c’est un travail de chaque jour.

Mettre en place un  rituel

Plusieurs éléments peuvent être mis en place pour vous motiver encore plus à mettre les pieds sur votre tapis dès le matin. Vous pouvez préparer vos vêtements de yoga, mettre votre réveil loin de vous pour vous obliger à mettre un pied hors du lit (le plus difficile), dérouler votre tapis la veille, préparer votre matériel,… Une fois que vous êtes debout vous pouvez allumer une bougie, mettre de l’encens, votre musique préférée, ou une musique relaxante… Personnellement à partir du moment où j’ai allumé ma bougie et que je suis assise sur mon coussin de méditation, je suis certaine de ne plus faire demi tour!

Trouvez ce qui vous fait plaisir et ce qui vous motivera à sortir de votre lit!

 

Je fais quoi sur mon tapis?

Quand j’ai démarré le yoga, je pratiquais souvent avec des vidéos. Et puis je me suis aperçue que j’avais plus souvent le nez rivé sur l’écran à essayer de comprendre ce que je devais faire plutôt qu’à me faire du bien. Lors des cours guidés par des professeurs, c’était souvent pareil au cours des premières années de yoga, je regardais le prof ou mes voisin(e)s, je n’étais pas tellement dans le ressenti de mon corps mais plutôt dans l’intellectualisation, il a dit que je devais faire quoi là? Et puis lors de ma formation  en Inde, nous avons répété 4 semaines d’affilées 3 séquences de postures identiques. Si je me rappelle bien les 2 premières semaines les cours étaient guidés, puis au fur et à mesure nous pratiquions juste avec la séance écrite sous les yeux, le professeur venait nous ajuster si nécessaire mais ne donnait aucune instruction. L’objectif? Nous autonomiser dans notre pratique. 

Lorsque l’on débute et que l’on ne pratique pas l’ashtanga yoga (qui a pour avantage pour la pratique personnelle de demander à répéter toujours le même enchaînement au moins sur plusieurs années), il peut être difficile de savoir quoi faire à la maison. Un conseil, faites simple et n’ayez pas peur de répéter la même chose encore et encore. Je recommande souvent à mes élèves de pratiquer les salutations au soleil tout simplement. Et c’est ce que je fais aussi au minimum chaque jour. 5 salutations A, 5 salutations B, avant de les maîtriser à la perfection il se passera quelques années…

Pour vous donner une petite idée, voici mon schéma de séance personnelle de base le plus court: en 25 minutes

  • 1 minute d’assise silencieuse
  • 10 minutes de salutations au soleil (A et B)
  • 9 minutes de Pranayama (Cela peut être très simple et juste amener à égalité Inspirations et expirations)
  • 3 minutes de savasana
  • 1 minute de gratitude (ressentir la gratitude pour soi, d’avoir fait le job, et pour tout autre chose pour lesquelles vous êtes reconnaissant dans votre vie)
  • 1 minute d’intention (placer une intention pour le reste de la journée, le reste de la semaine)

Ce schéma est tout à fait adaptable et je ne le suis pas à la lettre à chaque fois, par contre les jours ou je fais peu, je fais au moins ça. Parce que mieux vaut un tout petit peu chaque jour qu’une seule fois par semaine 2 heures de pratique.

Pour gérer mon temps et ne pas regarder mon téléphone toutes les 2 minutes, j’ai téléchargé l’application Insight Timer, qui me permet de créer les intervalles de temps que je souhaite. Ces intervalles sont annoncées par un gong qui vous signale que vous entrez sur une nouvelle période de votre pratique.

Ne pas se culpabiliser

Même si j’encourage mes élèves à pratiquer le plus possible chez eux je sais que ce n’est pas toujours possible, qu’ils ne sont pas encore prêts ou que leurs vies ne le permettent pas à l’heure actuelle. Il m’est arrivé d’avoir des périodes pendant lesquelles je pratiquais moins, voir pas du tout en dehors de mes cours en studio. Est ce grave? Oui si vous cela fait du yoga une nouvelle raison de culpabiliser ou de vous dévaloriser. Non si vous pouvez lâcher prise sur votre pratique, à condition de ne pas la lâcher tout court.

Comme dans les postures, comme dans la respiration, il est important de trouver un équilibre. Nul besoin de pratiquer ashtanga ou vinyasa chaque jour si vous êtes épuisés et à bout de force, l’avantage du yoga c’est que vous avez d’autres pratiques plus yin, qui peuvent venir vous soutenir lors d’épisodes de fatigue physique et mentale, une assise silencieuse de 5 minutes vaut parfois tous les asanas et pranayamas du monde. L’équilibre se fait ensuite de lui même parce que nous commençons à nous écouter. A partir du moment où j’ai commencé à écouter mon corps (et pas ma tête) ma pratique est devenue plus naturelle, et s’est faite de plus en plus régulière.

Alors écoutons nous, et voyons ce que notre corps nous réclame dans l’instant, adaptons et soyons bienveillants envers nous même.