énergie de groupe

Au moment où j’écris ce texte, je suis à la fin du 3ème jour du 6ème stage  de sophrologie de ma formation, et aujourd’hui j’ai été submergée d’émotions.

Cela fait 3 jours que nous travaillons sur les notions de distance et de langages de manière très ludique. Nous nous mettons par groupes allant de 2 à 30 et suivons sagement les consignes de nos professeurs. Nos sens sont mis à l’épreuve, et mine de rien nos émotions aussi. Ce sont de petits exercices qui, de l’extérieur, peuvent sembler tout à fait anodins, même enfantins pour certains. Et pourtant…

Ce soir nous avons fait cet exercice où chacun avait une feuille blanche scotchée dans le dos. A tour de rôle nous devions écrire un mot positif caractérisant la personne et donc se retrouver avec une 30ène de mots doux dans le dos. Une fois terminé, nous nous sommes assis en cercle, tous à la fois curieux et pour ma part un peu inquiète de ce qui se trouvait écrit derrière moi. La consigne nous a ensuite été donnée à tour de rôle, retirer la feuille et lire les mots à voix haute devant le groupe.

Avant même que la première personne ne se désigne, l’émotion était palpable, tellement que j’en ai eu l’estomac noué, me remontant tranquillement dans la gorge comme si de rien n’était. J’ai senti les larmes me monter aux yeux, mon visage devenir bouillant. Un coup j’avais chaud, un coup j’avais froid. Puis les premières personnes ont commencé à lire leurs mots doux à tour de rôle. J’ai dû attendre quelques lectures (et quelques émotions) avant de me lancer moi même. Quand il faut, il faut. J’ai réussi tant bien que mal à lire les mots inscrits sur le papier, en prenant soin de bien respirer pour ne pas laisser les émotions me submerger, et aider mon estomac à redescendre un petit peu. Je termine ma lecture, et j’attends que quelqu’un prenne à son tour la parole, que l’attention du groupe soit ailleurs, pour laisser quelques larmes couler.

La première fois que j’ai vécu cela, c’était il y a bientôt 2 ans. A la fin du mois de retraite de yoga en Inde, après avoir remué encore une fois « mine de rien » nos corps et nos esprits au fil des pratiques et des cours plus théoriques, nous nous sommes retrouvés en cercle, avec comme consigne, si on le souhaitait, de partager avec le groupe un message à adresser à la personne que nous étions à l’âge de 20 ans. Je m’en rappelle encore comme si c’était hier. Je n’avais pas dit 2 mots que ma voix se mélangeait à des sanglots. Je ne pouvais pas m’arrêter. C’était nouveau pour moi, j’avais lâché prise, j’avais lâché le contrôle. Et ça m’a fait un bien fou.

Même si les exercices et les conditions diffèrent, l’effet de groupe est un paramètre important, ce n’est pas se livrer à un(e) ami(e), c’est se livrer à entre 20 et 30 regards, certains connus, d’autres beaucoup moins. A chaque fois qu’une personnes prend la parole, elle est écoutée, elle est soutenue et encouragée par le regard bienveillant des autres. Alors les émotions qui remontent ne sont pas seulement liées à ce qui est demandé de faire, mais également aux conditions dans lesquelles nous nous trouvons.

Dans les deux cas je me souviens m’être sentie seule au départ, seule face aux autres, seule face à ces mots écrits sur ce papier, seule face à mon histoire à 20 ans. Et à mesure que les mots sortaient, une autre émotion venait me couper le souffle, une émotion différente qu’il m’est encore difficile de désigner. Elle est née du sentiment d’être encouragée, soutenue, de se sentir portée par tout le cercle.

Alors ce soir, même si je n’ai pas encore complètement lâché prise, je crois que plus que les compliments écrits sur le papier, c’est cette belle énergie de groupe qui m’a touchée…